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Il est doux, gentil et bienveillant Papa lapin.
Papa lapin, c'est mon ostéopathe. Rien à voir avec les différents membres de la famille ours que nous avons pu croiser sur nos routes, Galette et moi...
Quand je pousse la porte de son terrier, je sais que je vais pouvoir y être moi-même et y laisser quelques seaux de larmes sans qu'il me regarde de travers et me beugle des trucs à la figure.
J'ai rencontré Papa lapin, il y a deux mois. Pour notre première entrevue, il était parti à la découverte de mon plexus solaire (tu sais, le truc que t'as au creux des seins et que ça fait un mal de chien quand on t'appuie dessus si, comme moi, t'as des trucs qui te restent un peu en travers du coeur). Il a appuyé et j'ai pleuré. Direct. Automatique, le truc. Comme si j'avais 5 ans et qu'on venait de me chouraver mon doudou et que je savais que je le verrais plus jamais de ma vie. J'ai pleuré à gros sanglots, en ne pouvant plus reprendre ma respiration et je l'ai regardé. Entre deux ravalements de morve, je lui ai lancé: "mais je sais même pas pourquoi je pleuuuuuuuuure". Et là, Papa lapin a dit le truc qui fait qu'on est tout de suite devenu copains. "Parce que vous en avez besoin", qu'il a dit.
Putain, comment ça m'a fait du bien qu'il me dise ça. Ça voulait tout dire cette phrase pour moi. Ça signifiait que j'avais le droit d'être là, le droit d'être triste de ne pas réussir à tomber enceinte plus vite que les autres, le droit de m'inquiéter. Il me donnait le droit d'exprimer ma tristesse quand elle me submerge, là où d'autres me disent d'être patiente ou de pas y penser (conseils de merde numéros 1 et 2, à éviter de dire à une femme qui veut un bébé depuis plus de 3 mois si vous ne voulez pas qu'elle vous tire les cheveux).
Bref, à la fin de la séance, Papa lapin m'avait dit de laisser faire la nature et de revenir dans deux mois si cette connasse dame n'avait pas fait son boulot. Comme je n'ai rien vu venir depuis et que j'ai même eu droit à mes règles comme cadeau de Noël, je suis retournée voir Papa lapin aujourd'hui.
Là, il a laissé mon plexus solaire tranquille. Cette fois, il s'est attaqué à mes ovaires et à mon utérus. J'ai eu droit à un massage (quelque peu douloureux il est vrai mais comme c'est Papa lapin, on lui pardonne) censé stimuler ces trois espèces de feignasses qui se reposent sur leurs lauriers depuis 9 mois, là où tu voudrais que ça envoie un peu du pâté bordel de merde! Et vas-y que je te tâte le sacrum, que je t'explore la carcasse. Mais toujours avec bienveillance et douceur.
Forcément, à la question "comment est le moral en ce moment?", je me suis de nouveau mise à pleurer (avec un poil plus de dignité que la fois dernière mais à peine). Et là, Papa lapin est devenu mon meilleur ami masculin (mais il le sait pas encore) parce qu'il a dit, tout doucement: "là, c'est bien... Faut que ça sorte tout ça".
Quand je suis partie, il a redit qu'on allait laisser dame nature faire son travail (m'arnaque pas, cette fois, toi) et que si dans deux ou trois cycles, y'a toujours pas de petit minus, je devais revenir le voir. Et il a dit ça aussi: "je suis là moi de toute façon. Vous le savez. Je vais pas partir en retraite tout de suite." J'ai eu envie d'embrasser Papa lapin. De le serrer fort.
Bon, là, tout de suite, maintenant, j'ai un mal de bide de dingue. Sûrement qu'à l'intérieur, les mecs ont commencé à se dire qu'il allait falloir se mettre un peu au turbin. Mais j'en veux pas à Papa lapin. Parce qu'il est Papa lapin. Et qu'il fait du bien là où il fait mal.
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